Les 4es ont interviewé Lorène Dideron, chargée des Publics au Musée de la Compagnie des Indes (Morbihan)

Chargée du secteur des Publics au Musée de la Compagnie des Indes, Madame Lorène Dideron a répondu aux questions des élèves de 4°2 et de 4°3. Après avoir étudié la colonisation au XVIIIe siècle et le développement du commerce entre l’Europe et le monde, les élèves ont réalisé des recherches sur les épices et produits échangés à cette époque.

A cette occasion, ils ont découvert le Musée de la Compagnie des Indes. Situé dans la citadelle de Port-Louis, il évoque l’histoire des grandes compagnies de commerce maritime des XVIIe et XVIIIe siècles. Le musée donne à voir un passé maritime extraordinaire où se mêlent quête de marchandises exotiques et rêves de conquêtes.

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Lily : Combien d’aliments ont été découverts avec la colonisation ?

  • Mme Dideron : Je ne saurai t’en donner un nombre précis. Les échanges commerciaux ont, au cours du 17e et 18e siècle, favorisé la découverte de nouveaux produits, marchandises, modes de vie et donc de nouvelles habitudes alimentaires…. Au musée, nous évoquons surtout la découverte du café par exemple. Le plaisir des uns, le malheur des autres … Les nouveaux modes de consommation ont en effet eu des conséquences telles que l’utilisation de main d’œuvre servile dans les plantations de café de l’île Bourbon. A l’origine, les épices étaient, quant à elles, recherchées pour servir d’ élixirs (médicaments) et non pas pour relever le goût des aliments.

Oriane : Quelles épices sont évoquées au Musée ?

  • Mme Dideron : La cannelle, le poivre, les baies roses, le curcuma, la badiane, le curry, les clous de girofle, la noix de muscade, …

Oriane : Qui a crée le musée ? Comment est-il né ?

  • Mme Dideron : L’origine d’un musée à Lorient remonte à 1878. A l’époque, le jour de son investiture à la mairie de Lorient, Gustave Ratier, regrette que le plus grand centre de population du Morbihan n’ait pas de musée et souligne la nécessité d’offrir à la population lorientaise une collection d’œuvres d’art, si utiles au développement des études artistiques, si puissantes pour la moralisation. Un an plus tard, dans un contexte national de développement des musées des Beaux-arts, la municipalité ouvre son musée dans l’une des salles de la Halle au Beurre pour y montrer principalement des tableaux reçus en dépôt de l’Etat. Lorient n’ayant pas eu la « chance », comme Rennes ou Quimper, d’ « hériter » dans le cadre des saisies révolutionnaires, d’une collection amoureusement réunie par des amateurs éclairés comme furent Robien et Silguy. (…)

Aoldrenn : Où les épices étaient le plus vendues au 18e siècle ?

  • Mme Dideron : Cela dépend pour quelles compagnies des Indes. Chacune avait son espace de commerce, son monopole… Mais plusieurs comptoirs permettaient d’en être la source : Calicut en Inde, Ceylan (cannelle), Malacca, Pondichéry, les Moluques (îles aux épices)… Ces dernières étaient gardées comme des coffres-forts. On disait alors que le poivre par exemple valait plus cher que de l’or. J’aime imaginer qu’en ces temps lointains, saupoudrer de poivre ses aliments au dessus de son assiette était comme saupoudrer d’or ses aliments…Au retour des navires de la Compagnie des Indes, au 18e siècle, les épices étaient ensuite vendues aux enchères à Lorient, dans l’hôtel des ventes, l’hôtel Gabriel, encore existant aujourd’hui.

Justin : Pouvez-nous expliquer en quoi consiste votre métier ?

  • Mme Dideron : Je suis chargée des publics. Au sein du musée, cela signifie que je suis la personne référente en terme d’accueil du public. J’encadre l’équipe des surveillants, de la boutique et des guides conférenciers. Je m’occupe également de toute la partie communication (promotion du musée : insertions, site internet, réseaux sociaux, …) et de la partie médiation (réaliser le programme d’actions culturelles, de visites guidées à destination de tous les publics, …) C’est une métier passionnant avec une grande variété de missions. Nous sommes une petite équipe et tout le monde travaille ensemble (conservation, médiation, régie, …)

Alistair : Comment les objets sont-ils arrivés dans ce musée ? Comment les avez-vous acquis ?

  • Mme Dideron : Le fond provient des collections municipales d’ avant guerre, comme évoqué précédemment. Puis, la ville de Lorient a mené une riche politique d’acquisition d’œuvres (achat à des particuliers, en ventes publiques) mais a également reçu des dons, legs et des prêts. En tant que musée de France, tout projets d’acquisition doit être approuvé par une commission scientifique.

Gabriel : Y-a-t-il des épices découvertes très récemment ? Y-en-a-t-il d’autres à découvrir ?

  • Mme Dideron : Je vous avoue ne pas être une spécialiste des épices contemporaines ! Je ne saurai répondre à cette question. J’aime imaginer que oui, qu’il y a encore beaucoup de choses à découvrir.

Eleve : Pourquoi le musée est-il établi à Lorient ?

  • Mme Dideron : Il n’est pas à Lorient ! Le musée de la Compagnie des Indes, musée municipal de la Ville de Lorient est un musée d’art et d’histoire classé parmi les musées de France. Ce musée est installé depuis 1984 dans la citadelle de Port-Louis et évoque, à travers ses collections l’histoire des Compagnies des Indes françaises, ces compagnies maritimes d’État qui bénéficiaient de monopoles de commerce en Afrique, en Amérique et surtout en Asie, et qui furent à l’origine de la Ville de Lorient. Le musée de la Compagnie des Indes n’est pas situé sur son territoire communal, mais à Port-Louis, petite ville côtière de la communauté d’agglomération dont Lorient est la ville centre. Ce territoire est marqué par une vocation maritime historique, à travers des activités de pêche, de commerce et de transport maritime, de défense et de construction navale.

Nous remercions chaleureusement Mme Dideron d’avoir pris le temps de répondre aux questions des élèves et de leur avoir fourni des informations si précieuses.

Nous vous invitons à aller visiter la Musée de la Compagnie des Indes ! N’hésitez pas à suivre le lien du musée !

Mme Bloch.

Voir en ligne : https://musee.lorient.bzh/